BEAU COMME (1re partie)

Publié le par Vincent Leclair

 

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-Comprenez-moi professeur Scheizer, je vous demande cela après mûre réflexion. Ce n'est pas du tout un coup de tête. Mon existence est réellement devenue un enfer. Je n'en peux plus ! Je prends le métro et quatre vingt-dix pour cent des passagers me dévisagent, je reste deux jours à l'hôpital comme pour mon appendicite l'an passé et tout le personnel accourt vers ma chambre pour me voir, comme une curiosité. Est-ce le prix que je devrai payer jusqu'à la fin de mes jours ? Pourtant, je ne suis plus sous les feux de la rampe depuis plusieurs années, et puis, j'ai vécu. Mais non, rien n'y fait ! Dans mon travail ou dans ma vie privée, je reste le point de convergence de tous les regards ou presque, con-ti-nu-elle-ment. J'en fais maintenant des cauchemars. Et...
-Ecoutez, Alban, si vous permettez, votre demande n'est pas commune, elle n'est pas anodine également. J'y ai donc réfléchi, de concert avec un collègue américain de Californie. Et ma réponse est …..oui. Je suis d'accord pour intervenir sur votre visage, dès qu'une place apparaîtra sur mon agenda. Le secrétariat vous tiendra au courant. Vous aurez sans doute à attendre quelques mois car une opération comme la vôtre requiert beaucoup beaucoup beaucoup de préparation. La marge de manoeuvre est réduite. Nous devrons nous revoir afin d'affiner vos souhaits et vos exigences esthétiques.
En saluant le professeur, Alban émet un large sourire, ce qui ne lui est plus arrivé depuis des mois. Oui, un sourire, son sourire qui irradie, qui aimante. Alban n'ose plus, ne veut plus sourire car cela rajoute aux sentiments d'étouffement et de paranoïa qui ne le quittent plus depuis des années. 
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