NO WAY (6e partie)

Publié le par Vincent Leclair

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PavIncepiX
La femme de Ray fut on ne peut plus sympa mais je peinais à la regarder droit dans les yeux car ses lèvres pneumatiques et ses mirettes de chatte persane trahissaient les affres de la chirurgie esthétique à répétition. Nancy recevait depuis quelques jours une vieille amie au prénom imprononçable, une dindasse new-yorkaise qui scintillait comme un sapin de Noël. Nancy me proposa d’occuper le bungalow de leur jardin, coquet et tout confort. J'en fus ravi. La soirée fut courte pour moi qui n'arrivais plus à encaisser les jets lags cumulés. Je me réveillai avec l’astre solaire et sortis ma mitrailleuse à clichés, certain de rentrer le soir avec des pellicules pleines. Nancy m'avait briefé sur les spots de Harbour island et elle m’avait vanté son Marine club, entre autres hauts lieux de la sociabilité harbourienne. Je m’étais donc dessiné une carte mentale et avais retenu en priorité le golf club de Ray, le Harbour golf club. Pourquoi ? Peut-être parce-que cela collait à l’idée que je me faisais de ce bonheur archipélagique indécent. Aucune auto chère sur le parking, normal puisqu’à Harbour island on ne se déplace qu’en petit quatre roues électrique, avec chauffeur, noir. En revanche, le parking nautique aperçu à mon arrivée concentrait quelques millions de dollars sur quelques dizaines de mètres carré. Le parcours de golf de Ray longeait la mer caraïbe et mon regard vite happé se jetait déjà au loin, après les reflets vert-azur, vers l’horizon. Je me ravisai et pénétrai dans le club house climatisé. Je n’étais pas particulièrement bien sapé et les regards croisés me le signifièrent. Je commandai une bière. Le barman me tendit sa moue en guise de non puis me sourit en anglais, '' pas de bière ici monsieur, que des cocktails ''. Vas-y pour le cocktail. J’étais bien installé et à côté se dressait une table entourée de trois golfeurs sexagénaires au repos. Américains forcément, retraités évidemment, et pleins de sous bien sûr. Des gars qui avaient réussi. Je feignis de me plonger dans la lecture de l’Herald tribune qui en plus me protégeait des regards éventuels du trio. On apprécie toujours un jour la polyvalence du journal papier. 
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