CUIT (4E PARTIE)

PavinCepiX

Le Ponant a jeté l'ancre. Le capitaine envoie une chaloupe à terre. Tout le monde est sur le pont, en attente du retour de la chaloupe. Le capitaine ordonne de mettre à l'eau une seconde chaloupe plus volumineuse. Une vingtaine d'hommes y prend place. Je n'en suis pas. Ce sera pour la deuxième fournée. Mon tour se présente, je saute dans l'embarcation, on me propose un aviron que je saisis et nous accostons bientôt. Un petit attroupement, quelques chevaux derrière, une bâtisse en bois, comme un entrepôt sur la droite, une chapelle au fond se dressent sous le soleil brûlant. Le vent est trop faible pour nous rafraîchir. Patrice Maitret nous commande de patienter près de l'entrepôt. Le gentilhomme ne devrait pas tarder. Un cheval apparaît au loin qui s'approche. 

 –C'est Bertrand de la Prévière répète Maitret, votre patron pour tois ans !

Le cavalier stoppe sa monture à quelques mètres de nous, nous dévisage et se décide à nous saluer. Guilhem et moi le saluons à notre tour. Maitret s'approche de lui et engage des pourparlers avec son associé.

 –Messieurs, vous voici maintenant au service de l'habitation Sainte-Marthe, dirigée par le sieur Maitret et moi-même, Bertrand de la Prévière. Vous avez signé un contrat de trois ans au terme duquel vous recouvrerez votre liberté assortie de terres, normalement. D'ici là, vous cultiverez le tabac ou le pétun, c'est la même plante. Vous ne serez pas seuls. L'habitation fonctionne avec quatre alloués, des Normands comme vous et trois nègres venus de Guinée. Vous serez désormais douze à travailler, ce qui veut dire que nos gains devront augmenter de beaucoup. Voilà, les premières semaines seront les plus dures. Passés les six premiers mois, si vous êtes sain et sauf, cette terre est faite pour vous. Dites-le vous bien !

Puis Maitret nous fit signe de le suivre à pied pour nous emmener à l'habitation.