CUIT (5E PARTIE)

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Maitret nous avait annoncé pendant le voyage que ce serait très dur, surtout au début. Qu'il fallait donc bien se nourrir, et ne pas se contenter du méchant gruau servi à bord du Ponant, chargé de vivres et de matériel requis par les colons de Saint-Christophe qui manquent toujours de tout paraît-il. 

Le chemin n'en finit pas, nous avons quitté la trace principale dépourvue d'ombre depuis une heure et nous voici engagés sur un sentier rectiligne jeté sur une pente au milieu d'une forêt sèche. Maitret crie à sa petite colonne, ''c'est devant, on y est presque''. '' Heureusement qu'ils s'occupent de débarquer et acheminer nos affaires'' répond Guilhem dont le visage est déjà cramoisi de soleil. Nous passons devant une petite clairière semée d'habitations misérables et vides à cette heure, des cases en gaulettes saurai-je plus tard. Sainte-Marthe, notre habitation, se montre enfin. C'est un cul de sac. Des sommets peu élevés la cernent. En effet, la partie basse de la maison principale est bien en pierres. Je me représente à peine quels efforts cela a pu nécessiter. Ce bâtiment d'une surface modeste semble inachevé, d'ailleurs, des échaffaudages sont installés sur un pignon. Il comporte un étage qui paraît être un grenier, une réserve ? Autour, des bâtiments, ''pour le pétun'', nous indique Maitret, soit une grange, très basse, puis un sèchoir comme un tunnel en bois et une cabane pour les précieux outils de sarclage notamment. De la Prévière a disparu depuis son accueil à cheval. Maitret nous conduit à la grange. ''Ce sera votre premier logis messieurs ! Vous avez de quoi boire, pour le repas, il faut attendre onze heures''. Dans cette grange au sol incertain où la poussière le dispute à la puanteur et à la chaleur insupportable, Guilhem me regarde les yeux écarquillés et me lance : '' Ici ? Mais c'est même pas fait pour des bêtes ! ''