MONSIEUR SERVENT (1RE PARTIE)

Publié le par Vince

 

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PavinCepiX

 

 

-T'es pas dans l'cadre là

-Grmbbll, j't'en foutrais, moi, des t'es pas dans le cad'. Nous emmerde avec ses grilles de stat' le Servent. C'est toujours comme ça, on m'propose de changer de service, non, on me l'impose en vérité et hop ! J'tombe sur ce chef de service au courant de tout, ce Mathieu Servent, breton comme moi, sans doute un de nos uniques points communs.

      Servent, encore un de ces lèche-bottes qui croit dur comme tungstène que pour gagner sa vie, faut d'abord passer tout son temps à la perdre. Il est à fond dedans avec ses trois mille cinq cents euros à la fin du mois, plus sa prime de mille euros tous les trois mois et ses intéressements aux affaires. C'est Hervé de la compta qui me l'a confié le mois dernier. Ca lui permet de rouler en Mercedès, neuve, vitres teintées. Et de se garer sur une place réservée sur le parking de la boîte, dans la partie ''direction et chefs de service'' forcément la plus proche des burlingues. Faudrait pas gaspiller les forces vives et cogitantes.

Ca l'autorise aussi à ne saluer personne des ateliers, pas son monde, normal, l'ouvrier, c'est la burne, l'inculte, naturellement voué à la débauche et / ou à l'alcoolisme. Mon pote Hervé, le comptable, qu'est au courant de tous les potins dans l'entreprise m'a appris que dans son précédent poste, il était adjoint au service qualité, Servent venait sans cesse faire des lois aux ouvriers. Ca a duré trois ans et la direction l'a replacé au service méthodes, d'abord comme adjoint puis comme chef de service l'an dernier. Il a réussi à abattre le père Mélion, un bon type qu'est parti en dépression depuis. Pendant ses trois années à la qualité, qui étaient aussi ses trois premières bougies dans la boîte, monsieur Servent a rencontré quelques soucis. Il a connu des crevaisons à répétition. Il roulait en Renault Clio à l'époque, pas le plus cher question pneus. Je me souviens l'avoir croisé dans ces temps-là alors qu'il discutait un midi avec un ouvrier. Une chose m'avait interloqué, c'était la fausseté de son sourire et l'extrême condescendance maquillée de sympathie qui suait de son faciès. Je m'étais même souhaité de ne jamais avoir à bosser avec un type pareil.

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