MONSIEUR SERVENT (EPILEUGUE)

Publié le par Vince

 

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PavinCepiX

 

     En tout cas, il peut pas en démordre de ces deux mots. Cadre-process-cadre-process, toute la journée, toute la semaine, gningningningnin. Lors de mon arrivée dans son service, j'ai voulu le tester le Servent, gentiment, à la loyale, on n'est pas des bêtes. Alors je l'ai lancé dans une argumentation : le pour, le contre du cadre, de son cadre. Un peu de rhétorique, ça peut pas faire de mal aux cerveaux. Et là, un ouragan de preuves et d'arguments, d'autorité et l'index tendu pointé vers son interlocuteur pour rappeler qui est le boss... J'ai laissé reposer huit jours puis je suis revenu à la charge. La même, il ne réfléchissait donc pas le bougre et se contentait de courber l'échine pour gagner la mangeoire.

   Je ne me crains pas avec lui. On a à peu près le même âge et, il a beau être mon supérieur, l'accablement et l'insensé de sa '' mission professionnelle '' comme il dit quelquefois en font à mes yeux un rampant. Il l'a sans doute deviné car j'ai remarqué que lorsqu'il s'enlise dans ses ordres de petit chef, il n'ose pas me fixer, par peur de lire la pitié dans mon regard. Peur de comprendre que les trop nombreuses heures passées dans son bureau ne sont qu'une poussière qu'il sert avec un entrain et une conviction démesurés. J'ai l'impression, peut-être trompeuse, que Servent commence à se méfier de moi. Un peu comme si il avait peur qu'un jour, un matin, je lui réponde hors du cadre et devant d'autres collègues.

 

Finalement, au bout d'un mois dans les bureaux du service de Servent, je me suis convaincu, après six années passées dans cette boîte tourangelle, que ses cadres vont bien. Dans le cadre.

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